Budget 2000-2001 / Discours sur le budget

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I. Des résultats économiques et financiers remarquables

a) Une économie résolument tournée vers le 21e siècle

J'ai souvent parlé du paradoxe québécois : nous avons tous les atouts nécessaires pour réussir aussi bien et mieux que les autres, alors que notre performance n'a pas toujours été à la hauteur de nos aspirations. J'ai aujourd'hui la nette impression que ce paradoxe est en voie de se résoudre et que l'évolution récente de notre économie nous fait quitter de plus en plus le paradoxal pour aller simplement vers la normale.

En effet, le Québec, qui avait enregistré une vigoureuse croissance au cours des années 1997 et 1998, vient d'en connaître une plus impressionnante encore en 1999.

  • À 3,7 %, la croissance économique aura dépassé les prévisions les plus optimistes.
     
  • 76 000 emplois ont été créés en 1999. Pour une deuxième année de suite, on atteint un niveau inégalé depuis 1987.
     
  • En décembre dernier, le taux de chômage a été réduit à 8,1 %, soit son niveau le plus bas depuis les Jeux olympiques de 1976.
     
  • Cette progression aura été particulièrement bénéfique pour la jeunesse. En 1999, 28 000 emplois ont été créés pour les jeunes de 15 à 24 ans, du jamais vu depuis 1973. Ils ont obtenu 37 % du total des emplois créés, alors que leur poids démographique est de 16 %. Ces jeunes qui nous enviaient les beaux jours de notre propre jeunesse, durant les « trente glorieuses années » de l'après-guerre, peuvent maintenant connaître mieux en un sens, puisqu'en plus ils sont conviés à participer à l'économie globale, et pour plusieurs, à celle de l'intelligence et du savoir.
     
  • Cette progression économique a fortement soutenu nos efforts de lutte contre la pauvreté; en douze mois, le nombre de personnes dépendant de la sécurité du revenu a été réduit de 40 000; la réduction totalise même 200 000 depuis 1996. Le meilleur fondement de la lutte contre l'exclusion, c'est la prospérité : notre solidarité active doit faire le reste. On sait que la seule économie de marché ne suffit pas. C'est pourquoi des initiatives comme le Fonds de lutte contre la pauvreté sont si utiles.
     
  • La région métropolitaine de Montréal est plus florissante que jamais. À la fin de 1999, le taux de chômage était réduit non seulement en deçà de la moyenne québécoise, mais également en deçà de la moyenne canadienne, ce qui ne s'était pas vu depuis 1984. Il y a dix ans, le taux de chômage était de 4 % à Toronto et de 9,6 % à Montréal. À la fin de 1999, il avait augmenté à 5,3 % à Toronto, mais il n'était plus que de 6,7 % à Montréal : un écart quatre fois moins grand. Et ce n'est pas fini.

Pour l'année 2000, les augures sont favorables, aux États-Unis comme en Europe et dans les pays asiatiques qui se relèvent de la crise de 1997-1998. À moins que tous les experts ne se trompent, l'expansion de l'économie mondiale soutiendra la poursuite de notre essor encore cette année. Nous prévoyons donc une croissance du produit intérieur brut réel de 3,3 %, ce qui est comparable aux résultats de l'an dernier et deux fois supérieur à la moyenne des dix dernières années.

Il devrait encore une fois en résulter une forte création d'emplois : nous prévoyons en effet 70 000 nouveaux emplois, ce qui devrait réduire le taux de chômage d'encore 1 % pour la moyenne de l'année.

Ces perspectives économiques très favorables rendent possible aujourd'hui la présentation d'un budget qui comporte des initiatives que nos compatriotes accueilleront certainement avec grande satisfaction et qui vont dans le sens de leurs priorités.

 
b) Des surplus budgétaires utilisés pour le bénéfice des Québécoises et des Québécois

Sur le plan financier, nos succès sont clairs et connus.

Nous avons atteint le déficit zéro avec un an d'avance, soit en 1998-1999. Ce sera vrai encore une fois pour l'année qui se termine : un deuxième déficit zéro d'affilée.

La performance remarquable de l'économie en 1999, que j'appelais de tous mes voeux sans qu'il n'ait été sage toutefois de l'incorporer au complet dans mes prévisions, s'est traduite par des retombées budgétaires qui ressemblent, maintenant pour vrai, à ces « vallées verdoyantes » que j'ai déjà évoquées. J'ai eu la confirmation récemment qu'un surplus atteignant 2 milliards de dollars s'était dégagé au cours de l'année 1999-2000 qui s'achève.

La croissance économique anticipée en 2000 devrait elle aussi dégager des surplus budgétaires importants. La politique budgétaire que je propose à cette Assemblée consiste à réinvestir ces surplus suivant les souhaits de notre population. Ce n'est donc pas à la réduction de la dette qu'iront les surplus, mais à la réduction rapide des impôts, à la santé, à l'éducation, à la jeunesse et aussi à l'économie. Il est à noter que dans le désordre financier et de gestion d'autrefois, même avec une économie florissante, le budget que je présente aujourd'hui n'aurait jamais été possible. Il ne faut pas oublier que nous avions un déficit annuel de 6 milliards de dollars, alors que nous avons des surplus importants aujourd'hui. C'est dire le chemin parcouru.

Ces milliards reversés aujourd'hui aux besoins de la population n'empêchent pas notre gouvernement de maintenir la rigueur financière convenue au Sommet de Québec en 1996 et observée à la lettre depuis. C'est pourquoi j'annonce pour 2000-2001 le troisième déficit nul de notre histoire contemporaine.

Les annonces d'aujourd'hui, fiscales ou autres, ne sont donc pas payées avec de l'argent emprunté à New York, Londres ou ailleurs. Ce sont les contribuables du Québec qui ont l'honneur de tout payer de leurs deniers, coût des investissements compris. Cela compense déjà notre jeunesse pour une partie de l'endettement passé, puisque nous payons maintenant comptant l'amortissement d'équipements durables.

 

SOMMAIRE DES OPÉRATIONS FINANCIÈRES CONSOLIDÉES (1)
(en millions de dollars)

 

1998-1999

 

1999-2000

Résultats
réels
Discours sur
le budget
1999-03-09
Résultats
préliminaires
Opérations budgétaires
Revenus autonomes 38 560 38 264 40 677
Transferts du gouvernement du Canada 8 090 6 908 6 284
Total des revenus 46 650 45 172 46 961
Dépenses d'opérations - 39 332 - 37 573 - 39 573
Service de la dette - 7 187 - 7 599 - 7 388
Total des dépenses - 46 519 - 45 172 - 46 961
Surplus (déficit) budgétaire 131 0 0
Opérations non budgétaires
Placements, prêts et avances - 1 402 - 1 258 - 1 755
Immobilisations - 217 - 300 - 372
Régimes de retraite 1 020 1 440 1 629
Autres comptes 991 358 958
Excédent non budgétaire 392 240 460
Surplus (besoins) financiers nets 523 240 460
Opérations de financement
Variation de l'encaisse (2) - 1 983 2 627 2 182
Variation de la dette directe (2) 2 490 - 1 740 184
Fonds d'amortissement des régimes de retraite - 1 030 - 1 127 - 2 826
Total du financement des opérations - 523 - 240 - 460

N.B.: Un montant négatif indique un besoin de financement et un montant positif une source de financement. Pour la variation de l'encaisse, un montant négatif indique une augmentation et un montant positif une réduction.
1. Sur la base de la structure budgétaire en vigueur en 2000-2001.
2. Les résultats préliminaires de 1999-2000 tiennent compte des emprunts de 758 millions de dollars effectués par anticipation en 1999-2000.

 

SOMMAIRE DES OPÉRATIONS FINANCIÈRES CONSOLIDÉES (1)
PRÉVISIONS 2000-2001
(en millions de dollars)

Opérations budgétaires
Revenus 48 253
Dépenses - 48 253
Surplus (déficit) budgétaire 0
Opérations non budgétaires
Placements, prêts et avances - 871
Immobilisations - 435
Régimes de retraite 1 726
Autres comptes - 894
Excédent non budgétaire - 474
Surplus (besoins) financiers nets
- Fonds consolidé du revenu 0
- Organismes consolidés - 474
- 474
Opérations de financement
Variation de l'encaisse 1 160
Variation de la dette directe 1 191
Fonds d'amortissement des régimes de retraite - 1 877
Total du financement des opérations 474

N.B.: Un montant négatif indique un besoin de financement et un montant positif une source de financement. Pour la variation de l'encaisse, un montant négatif indique une augmentation et un montant positif une réduction.
1. Sur la base de la structure budgétaire en vigueur en 2000-2001

 

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