Budget 2000-2001 / Discours sur le budget

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III. Un accroissement majeur des ressources pour la santé

Les dividendes de notre saine gestion économique et financière sont donc utilisés selon les voeux de la population. L'un des principaux vise l'accroissement majeur des montants consacrés à la santé. Nous l'avons fait l'an passé, nous allons le refaire cette année, afin de maintenir l'accès universel aux soins, sans compromis quant à l'excellence des services.

Cela implique que nous respections les priorités dictées par l'évolution démographique et que nous tenions compte de l'amélioration des technologies médicales et des méthodes de traitement. Nous devons nous assurer aussi que les fonds dépensés dans la santé le soient avec efficacité.

 
a) L'injection de 2,7 milliards de dollars dans le secteur de la santé et des services sociaux

J'annonce aujourd'hui un accroissement majeur des ressources pour la santé, accompagné d'importantes initiatives visant à accroître l'efficacité du système. Nous y injectons immédiatement 2,7 milliards de dollars additionnels, tout en mettant en place une série de mesures pour renforcer à court et moyen terme le fonctionnement du réseau de la santé et des services sociaux.

Ma collègue, la ministre d'État à la Santé et aux Services sociaux, qui aura plus de moyens pour continuer à se consacrer avec énergie et talent à ses écrasantes responsabilités, rendra public au cours des prochains jours le fin détail de ces initiatives.

Financement accru du réseau

Une somme de 862 millions de dollars est tout d'abord accordée aux établissements du réseau pour assurer un financement adéquat et leur équilibre budgétaire.

Un montant de 877 millions de dollars est ensuite alloué afin de financer l'accroissement des salaires et des autres coûts de fonctionnement, qui sont requis pour maintenir les services actuellement fournis à la population. Ces derniers sont dans les meilleurs et les plus complets au monde, et ils vont le rester.

Accroissement et développement des services

Aujourd'hui, nous allons encore un peu plus loin dans la voie de l'amélioration et de la consolidation des services à la population. Nous dégageons des crédits additionnels de 747 millions de dollars pour accroître les services dont bénéficie la population et en développer de nouveaux. Il s'agit notamment de financer la hausse des coûts du programme d'assurance-médicaments, de développer les services d'Héma-Québec et les services de retraçage et d'indemnisation des victimes de l'hépatite C. Il s'agit également de diminuer les listes d'attente, d'améliorer l'accessibilité et d'accroître les services dispensés aux diverses clientèles du réseau.

De ce total, une somme de 21 millions de dollars sera affectée aux seuls services à la jeunesse. Le ministre délégué à la Santé, aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse, lui-même un des meilleurs experts québécois de la question, les utilisera pour améliorer les services offerts aux jeunes, notamment en faveur des familles d'accueil, des maisons de jeunes et des organismes communautaires oeuvrant dans le domaine de la prévention du suicide et de la toxicomanie.

Acquisition de nouveaux équipements

Au cours des dernières années, les progrès technologiques ont considérablement amélioré les façons de rendre les services, d'où la nécessité d'investir pour renouveler certains équipements, notamment ceux qui ont un impact direct sur l'accessibilité aux services. Le présent budget vient allouer 200 millions de dollars de plus pour l'achat d'équipements dans le secteur de la santé et des services sociaux.

Cet important programme d'investissement en matière d'équipements médicaux permettra de traiter un plus grand nombre de patients, par exemple en radio-oncologie et en hémodynamie, et d'améliorer la qualité des soins grâce à des équipements plus modernes.

 
b) Un réseau plus efficace répondant aux besoins de la population

Tous les gens sérieux admettent que nous ne réglerons pas les problèmes de notre système de santé uniquement par une injection d'argent. Donc, en plus d'accroître les ressources affectées à la santé de façon majeure, nous devons prendre les moyens pour qu'elles soient gérées avec une efficacité et une rigueur accrues.

Ma collègue dévoilera sous peu un ensemble de mesures qui permettront d'améliorer la performance du réseau de la santé.

 
c) Dissiper la confusion entourant la fiducie fédérale

Toujours au chapitre de la santé, j'aimerais dissiper une confusion certaine au sujet des 841 millions de dollars déposés par Ottawa dans une fiducie basée à Toronto.

On dirait une pièce de Kafka, où la réalité et l'imaginaire se mélangent, en se nourrissant mutuellement. Vous me permettrez, en tant que ministre des Finances, de ne traiter que de la réalité. Trois questions différentes ont été abordées.

  • D'abord, celle de la transparence. J'aimerais rappeler que ce n'est pas le Québec qui a décidé de mettre cette somme en fiducie, c'est Ottawa. Il ne s'en est d'ailleurs pas caché, c'était clairement inscrit dans son budget de l'année dernière. C'est également le fédéral qui a confié la gestion de ces sommes à une filiale de la Banque Toronto-Dominion.
     
    À la demande expresse et immédiate de mon ministère, les sommes ont par ailleurs été placées ici même au Québec dans des titres du gouvernement du Québec et d'Hydro-Québec. Il est radicalement faux de dire que l'argent dort à Toronto. Quant aux rendements, ils sont ceux que le marché donne à de tels placements, de court terme, soit de l'ordre de 5 %.
     
    Ottawa avait également suggéré des retraits de 482 millions de dollars en 1999-2000, de 240 millions de dollars en 2000-2001 et de 119 millions de dollars en 2001-2002. Je me suis empressé d'incorporer ces sommes intégralement dans mon budget de l'an dernier. Les budgets d'Ottawa et de Québec étaient donc transparents à ce sujet. Tous se rappellent que le Québec a immédiatement dénoncé l'iniquité d'Ottawa à notre endroit. J'ai d'ailleurs remis à la presse, dans les jours qui ont suivi le budget fédéral, un document où les montants supposément cachés se retrouvent clairement inscrits noir sur blanc. Voilà pour la transparence.
     
  • Pourquoi maintenant avons-nous choisi de ne pas encaisser les 482 millions prévus dans le calendrier suggéré par Ottawa?
     
    On le voit bien maintenant dans ce budget. Les rentrées fiscales ont été nettement meilleures que prévues en 1999-2000. Grâce à ces rentrées fiscales inattendues, nous avons pu injecter immédiatement 782 millions de dollars dans le secteur de la santé. Donc largement plus que les 482 millions de la fiducie fédérale. La santé n'a donc pas reçu moins d'argent en raison de nos décisions, elle en a eu plus que prévu. Si j'avais agi autrement, nos règles comptables nous auraient forcés à envoyer l'argent à la dette plutôt qu'à la santé, ce qui n'est pas notre choix.
     
    On se souvient que tous les experts ont approuvé cette sage politique. Maintenant que les données du budget sont connues et que leur vulgarisation est plus facile, je suis sûr que tout le monde comprendra mieux et expliquera nos choix fondés sur la raison et la bonne gestion.
     
    Comme le gouvernement fédéral semble vouloir prendre l'habitude de ces versements en fiducie -- il vient d'annoncer qu'il va en faire encore cette année -- je vais cependant tenter de convaincre mon collègue fédéral d'au moins déposer l'argent auprès d'une institution financière choisie par le Québec plutôt qu'à Toronto. J'espère qu'il acquiescera à ma demande.
     
    Nous retirerons ensuite l'argent à un rythme compatible avec l'intérêt de la population du Québec. Il y a maintenant 1,4 milliard de dollars dans la fiducie. J'annonce d'avance que cet argent sera dépensé, mais en temps opportun. Les prélèvements seront effectués de la manière suivante : 420 millions de dollars cette année, 765 l'an prochain, et enfin 256 l'année suivante. Tout prendre d'un coup ce qui est prévu pour trois ans, comme certains l'ont suggéré, serait pure irresponsabilité et violerait les règles de la prudence la plus élémentaire. D'ailleurs presque toutes les provinces, Ontario et Colombie-Britannique en tête, suivent cette ligne de simple bon sens qui n'a pas soulevé chez eux la moindre critique.
     
    Ce n'est donc que dans quelques semaines, le 3 avril 2000, premier jour ouvrable de la nouvelle année fiscale, que nous retirerons un premier 420 millions de dollars, qui ainsi ira à la santé plutôt qu'à la dette. Je crois en mon âme et conscience que c'est ce que le bien commun et la saine gestion exigent et j'espère que cela sera compris et approuvé.
     
  • Enfin, est-il pertinent de critiquer la politique de financement de la santé d'Ottawa comme tous les premiers ministres de toutes les provinces le font, celui du Québec en tête?
     
    Voilà une autre évidence. Les dernières injections d'Ottawa dans la santé et les programmes sociaux, en plus de n'être pas garanties à terme, ne représentent qu'une goutte d'eau dans un océan de besoins et ne se font qu'à doses homéopathiques. C'est ce que tous les premiers ministres se tuent à dénoncer depuis des années.
     
    Il faut en effet mettre en perspective ces 1,4 milliard d'Ottawa avec les 159 milliards de dollars que le Québec dépense pour la même période. En vérité, la récente injection fédérale correspond à trois jours de fonctionnement de nos programmes sociaux et de santé.
     
    Il faut avoir le sens des proportions pour juger les contributions du gouvernement central et ne pas oublier un seul instant les 5 milliards de dollars par année dont il nous prive tous les ans par ses coupures récurrentes. À lui seul, le Québec dépense aujourd'hui sept fois plus que ce qu'il reçoit d'Ottawa. On est bien loin du chant des sirènes des années soixante, qui a alléché nos gouvernements du temps par des promesses chimériques de partage 50-50.
     
    Le regretté Gérard D. Levesque, pourtant plutôt affable, utilisait déjà des mots très durs au sujet du désengagement financier d'Ottawa en santé. Ce qu'il disait dans son temps était vrai, ce l'est encore plus aujourd'hui.

 

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