Budget 2000-2001 / Discours sur le budget

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Conclusion

En épilogue au livre de René Lévesque, Option Québec, le grand cinéaste Pierre Perreault, qui nous a quittés cette année avait écrit : « Québec, c'est un mot qui grandit ». C'est l'impression qui ressort de plus en plus de nos succès contemporains. Dans le contexte de la croissance retrouvée et de nos finances publiques assainies, toutes nos réalités et valeurs nationales, matérielles comme immatérielles grandissent.

On me permettra donc en terminant de m'éloigner un peu des préoccupations matérielles propres au budget pour aborder quelques questions cruciales pour notre vie en société. Il devient de plus en plus clair pour tout le monde, que le régime politique canadien est irréformable. Il en est arrivé à nier l'existence même de notre nation. Un ministre fédéral écrivait au journal Le Monde, récemment, que nous ne formions « qu'une minorité parmi d'autres ». Ce régime se durcit au point de présenter à son parlement une législation anti-démocratique qui déshonore le gouvernement du Canada ici comme à l'étranger.

Nous sommes loin, par ailleurs, autant dans la population que dans cette Assemblée, d'une quelconque unanimité quant à la résolution de notre question nationale.

Heureusement, on voit poindre, en attendant, une sorte de vision commune. À la suite des travaux de nombreux intellectuels publiés dans Le Devoir l'été dernier, un large consensus se confirme quant à la réalité existentielle du Québec. Le journal La Presse a même récemment concouru à ce constat de plus en plus évident : le Québec forme une nation, tout autant que l'Irlande, l'Écosse ou la Slovénie, Israël ou la République tchèque. Notre nation fait même partie des vingt premières puissances économiques du monde, en avant de toutes celles que j'ai nommées.

Monsieur le Président, à ce stade-ci de notre histoire, il me semble que l'intérêt collectif requiert qu'en cette Assemblée, comme partout, notre patrie soit proclamée pour ce qu'elle est -- une nation -- et que sa liberté de choisir son destin soit sans cesse réitérée.

Pour nous de la majorité gouvernementale, et en tout respect des opinions divergentes, les voies de l'avenir sont limpides et parfaitement adaptées à notre temps : nous voulons refonder une union Canada-Québec, comme on parle de l'Union européenne, et la construire suivant les mêmes principes qui animent ce grand ensemble de pays souverains : libre circulation des biens, services, capitaux et personnes et création d'institutions supra-nationales qui assurent des rapports harmonieux entre les nations participantes. Une telle formule règlerait enfin, rapidement et pour toujours la question lancinante des rapports entre le Québec et le Canada.

De notre côté, cette quête du pays se poursuit sans relâche ni détour, elle est constante. Comme le dit Gaston Miron dans L'homme rapaillé : « Je n'ai jamais voyagé vers autre pays que toi mon pays ».

Pour nous, le mot de pays est le seul qui convient pour désigner notre patrie. On le retrouve dans une belle phrase d'espérance de la grande écrivaine Anne Hébert, née à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, et qui y est revenue cette année pour finir sa vie. Elle écrivait : « Il peut neiger, notre pays est à l'âge des premiers jours ». Il ne neigera plus guère, Monsieur le Président, le printemps est à nos portes. Je souhaite que ce budget soit reçu comme une manière de célébrer la venue d'une nouvelle saison pour notre patrie.

Merci, Monsieur le Président.

 

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