Énoncé
complémentaire au budget 2002-2003
Les transferts fédéraux : une épée
de Damoclès
de 1,8 milliard sur les finances du Québec

Québec,
le 19 mars 2002 -
La vice-première ministre et ministre d'État à
l'Économie et aux Finances, Mme Pauline Marois, a profité
de la présentation de son Énoncé complémentaire
au budget 2002-2003 pour faire le point sur les développements
récents en matière de transferts fédéraux
aux provinces. « Le changement que le fédéral
a apporté à la méthode de calcul de la
péréquation et l'erreur majeure commise par l'agence
fédérale du revenu dans la perception des impôts
de certaines provinces pourraient faire perdre plus de 1,8 milliard
de dollars au Québec. C'est une véritable épée
de Damoclès sur les finances du Québec qui pourrait
compromettre le maintien de l'équilibre budgétaire
», a souligné Mme Marois.
Le
risque d'une coupure de 840 millions de dollars à partir
de 2003-2004 est toujours présent
Si
le gouvernement fédéral persiste à vouloir
changer la méthode de calcul de l'assiette des impôts
fonciers à la péréquation, le Québec
perdra 840 millions de dollars. « Devant le tollé
provoqué par cette nouvelle, le fédéral
a décidé de reporter à 2003-2004 l'application
de cette coupure et il propose de l'étaler dans le
temps, mais le résultat est le même. Cette coupure
ne sera pas plus acceptable dans deux ans que maintenant »,
a indiqué la ministre.
«
Le Québec soutient en effet depuis plus de 15 ans que
la seule manière adéquate pour mesurer la capacité
fiscale des provinces au chapitre des impôts fonciers
est d'utiliser les valeurs foncières telles que mesurées
par les rôles d'évaluation des municipalités.
Le gouvernement fédéral utilise actuellement
une formule arithmétique complexe, sans lien avec les
valeurs foncières réelles, pour tenter d'estimer
la capacité fiscale de cette assiette. Le simple bon
sens exige que la solution proposée par le Québec
soit adoptée dans les plus brefs délais »,
a ajouté Mme Marois.
Une
erreur du fédéral qui pourrait être coûteuse
pour le Québec
De
plus, les revenus de péréquation du Québec
pourraient être révisés substantiellement
à la baisse en raison d'une erreur majeure commise
par l'agence fédérale du revenu dans la perception
des impôts des autres provinces. En effet, le gouvernement
fédéral a annoncé, le 29 janvier dernier,
que depuis 1972, il a mal évalué, et d'une manière
très importante, l'impôt sur les gains en capital
dans le cas des fiducies détentrices de fonds mutuels.
Uniquement pour la période 1993 à 1999, les
trop-versés à certaines provinces pourraient
atteindre 3,3 milliards de dollars. L'impact pour la période
1972 à 1992 n'est pas encore connu. Ces trop-versés
aux provinces ont entraîné une surestimation
des versements à la péréquation pour
toutes les provinces bénéficiaires de ce programme.
Si le gouvernement fédéral décidait de
récupérer ces sommes, le Québec devrait
rembourser 825 millions de dollars au titre de la péréquation
pour la période 1993 à 2000. Ce montant pourrait
même atteindre 1 milliard de dollars lorsque les données
de 1972 à 1992 seront connues.
Selon
Mme Marois, la solution la plus équitable et la plus
respectueuse de l'intérêt de la population serait
que le gouvernement fédéral :
- Assume
pleinement son erreur.
- Complète
l'évaluation de l'erreur de son agence pour la période
1972 à 1992, afin d'obtenir un portrait global de
l'ampleur de cette bévue et de ses impacts sur les
provinces.
- Ne
récupère pas les trop-versés aux provinces
à l'égard de l'impôt aux particuliers
et à la péréquation pour l'ensemble
de la période.
- Instaure
un mécanisme de compensation afin d'assurer un traitement
équitable aux provinces lésées par
l'erreur fédérale.
En
fait, il s'agit d'accorder à toutes les provinces un
montant équivalent par habitant à ce qu'a reçu
l'Ontario en raison de l'erreur du fédéral.
Cette solution signifierait le versement d'une somme de 4,4
milliards de dollars pour l'ensemble des provinces dont 1,6
milliard de dollars irait au Québec.
Mme
Marois a souligné qu'elle avait soumis cette proposition
au ministre fédéral des Finances et aux ministres
des Finances des autres provinces. Elle a également
demandé que cette question soit discutée lors
de la rencontre des ministres des Finances qui se tiendra
à Terre-Neuve les 25 et 26 avril prochain. «
La proposition formulée par le Québec vise à
nous assurer que le gouvernement fédéral, en
corrigeant son erreur, ne vienne pas déstabiliser les
finances des provinces et le financement des programmes prioritaires
pour les citoyens, tels la santé et l'éducation.
Le gouvernement fédéral a commis une erreur
importante, il doit en assumer les conséquences »,
a déclaré la ministre.
Par
ailleurs, Mme Marois a expliqué que les révisions
récentes aux transferts fédéraux n'étaient
pas un phénomène isolé. En effet, les
transferts fédéraux, principalement la péréquation,
ont montré une variabilité importante et croissante
au cours des dernières années. «Cette
instabilité complique singulièrement la planification
budgétaire nécessaire à la bonne gestion
des réseaux de la santé et de l'éducation
et crée un véritable casse-tête »,
a ajouté Mme Marois.
Un
déséquilibre fiscal à corriger
La
commission Séguin vient de publier une analyse rigoureuse
qui confirme l'existence d'un important déséquilibre
fiscal au détriment des provinces. « Les travaux
de la commission Séguin et les projections effectuées
par le Conference Board du Canada à la demande de la
Commission montrent clairement que nous nous acheminons vers
une situation où le fédéral enregistrera
d'importants surplus pendant que les gouvernements qui dispensent
les services seront soumis à des pressions énormes
en matière de dépenses, particulièrement
dans le secteur de la santé et des services sociaux
», a souligné Mme Marois. La ministre s'est engagée
à tout mettre en uvre pour que le gouvernement
fédéral change cette situation inéquitable.
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Source
: Nicole Bastien
Attachée de presse
Cabinet de la vice-première ministre et
ministre d'État à l'Économie et aux Finances
Tél. : (418) 643-5270 ou (514) 873-5363
Pour
information : Jacques Duval
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Tél. : (418) 691-2252
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